Texte – Est-ce que tu m’entends ?

Est-ce que tu m’entends ?

J’ai parcouru les vallées
Emballé
Dévaler
Aussitôt dit aussitôt fait

Est-ce que tu m’entends ?

Je me suis arrêté
Dans tes contrées
Rencontrer
Quelques curiosités

Est-ce que tu m’entends ?

J’ai goûté
À tes plats épicés
Dépasser
Mes limites imposées

Est-ce que tu m’entends ?

J’ai recommencé encore
Continuer, monter en puissance
Recommencer encore
Jusqu’à n’y trouver plus de sens

Est-ce que tu m’entends ?

Tout s’est déposé
Dans un silence englobant
J’ai entendu le moindre mouvement
J’ai senti ta présence aimante

Et je me suis juste laissé guider

Texte – Empreintes

Je ne compte plus
Les fois où je suis tentée
De récréer
Les sentiments du passé 

Je ne parle pas d’une idée
Mais d’un semblant de réalité
D’un goût, d’une emprise
Qui ressurgit à sa guise 

Juste une habitude
Comme une empreinte
Une certitude
Dans le silence frais et opportun 

J’ai pourtant gagné
La joie de recréer
De peindre une nouvelle toile
Et choisir de nouvelles voiles

Entre ces goûts ou rien
S’agite le plein
De cela…
Pourtant il y a tout dans ce rien !

Tout à découvrir
Tout à ressentir
Tout à créer
Dans ce silence libre 

Je sens que ces empreintes vagabondes
Ne sont que des souvenirs
Quand ces vagues surgissent
Elles ne durent que quelques secondes

Et pourtant elles m’embarquent
Dans le sillon
Enrôlées, enrobées…
Édulcorées, trop sucrées… 

Je m’échoue sans relâche
J’ai vainement tenté
De garder le cap
Rien n’y fait

Empreinte illusoire
D’un contrôle, devenu hors de contrôle
Juste une empreinte
Une éphémère au goût amer

Depuis, quand la vague arrive
Je la laisse se vivre sans bouger
Jouer de son sillon sans m’embarquer
Je lui laisse totale liberté 

Je surfe sur une immensité
Comme un silence densifié
Où tout peut être
Ou ne pas être 

Depuis, rien ne s’arrête
Et pourtant tout s’arrête
L’arrêt n’est pas dans le mouvement
Seulement dans la quête 

Juste quelques empreintes
De ce que je crois être
Juste quelques empreintes
Éphémères 

Texte – Enfin…

Enfin..
Je sens la distance s’opérer
Une résilience ?
Ou simplement sortir de la dépendance ?
Enfin cela est là,
Je sens ce solide
Se fondre..
Me ramener à plus de légèreté !
Sentir ce bolide
Qui gronde..
En moi juste un peu de vivacité !

Enfin..
Le ciel se dévoile
Je vois le soleil
Le bout du tunnel !
Enfin cela est là
J’ai une jolie toile
De nouveau à utiliser…
un nouveau cycle à créer…
Je suis excitée
Je sais ce que je ne veux plus
Je sens déjà ce qui m’anime
Par ce qui ne m’anime plus

Juste un nouveau cycle
Des voiles pour avancer
Pour se gorger, s’expanser
Naviguer en soi
Créer en soi

Enfin
Je sens le renouveau
Et ce qui est nouveau
C’est cette énergie à contribution
Qui ne fuit pas l’action
Qui reconnaît la grisaille
Comme une jolie bataille
Juste un peu de vie
Juste un peu d’accompli

Enfin cela est là
Je sens la résilience
Ou peut-être juste un peu d’indifférence
Que j’accueille avec joie
Qui me montre que ma foi
Tout ce jeu n’est qu’amour
Toutes ces batailles du velours
Tous mes ennemis mes amis
Et mes amis mes ennemis
Que je joue inlassablement
Sur du sable mouvant
Que je joue éternellement
À des jeux d’enfants

Juste un nouveau cycle
Des voiles utilisées, abîmées
À rendre et à laisser
Décomposer en soi, désolidariser
Juste recycler

Enfin je sens
La joie de composer
Avec cette dualité
Enfin je sens
L’amour de soi
Pour une fois

Enfin j’ai hâte
De m’aimer davantage
De vivre davantage
D’oser davantage
Être davantage
Enfin je ne suis plus à la hâte
De fuir
Et de partir

Je me regarde comme je suis
Je te regarde comme tu es…
Je laisse les regards se croiser
Les vies se lier et se délier…
J’en goute le nectar
En savoure le bazar
Remercie le hasard
Tout en sachant que rien n’est au hasard
Bref je m’égare
Empreinte des chemins bizarres
Me dit qu’il est trop tard
Pour me chercher des histoires

Je me prends comme je suis
Je te prends comme tu es…
Je ris de mes élans de changements
Je ris de mes médicaments
Je me fous du temps
Où j’ai cherché à bâtir un idéal
Et où j’ai fui ce qui était vital

Je suis cette toile
Riche de mouvements
Riche d’espace-temps
Je suis tous ces voiles
Toutes ces voiles
En même temps

Enfin je me délecte
De tous ces changements
Enfin il était temps
De m’aimer tout simplement

Texte – Le point de rencontre

Je n’avais pas réalisé
Que de nous enfermer pour nous aimer
Chancellerait ma petite flamme
Que de me mettre sous cloche pour nous contempler
Retournerait ce feu contre nous-mêmes
Que de ma loyauté
Couleraient quelques larmes

Je n’avais pas réalisé
Que le désir même
Était à vénérer
Que de cet état
Je me vivais exister
Rien d’autre à acquérir
Rien d’autre à convertir
Juste célébrer
Le désir de vie

Je n’avais pas réalisé
Que l’aventure même
Était le chemin
Peu importe son pôle
Son côté ou son rôle
Peu importe ses failles
Et ce que je découvrirai
Dans ses entrailles 

Que dans ses épousailles
Je retrouverai juste le sentiment d’être
La beauté au-delà de tous biens
La beauté au-delà de tous liens

Il m’aura fallu
Le pacte, la solidité, la protection
Pour enfin connaître
Le point de cassure
La faille.. et paradoxalement l’espace qu’elle amène
De cela je reconnais le mariage

Au-delà des liens
Au-delà des désolidarisations
Je reconnais l’union
D’où naît juste chaque pôle
Juste un point de rencontre
Juste un point de rencontre …

Texte – S’engager

S’engager dans l’amour
C’est vivre autant le piquant que le doux
Pour être honnête dans la vie
Pour être honnête dans l’amour
C’est autant de rires que de coups

S’émerveiller dans la vie
Et réaliser l’amour
C’est sentir le ciment dessous
Ce qui nous tient debout
C’est sentir le vent qui nous pousse
Sans juger les pentes douces
Les virages et mirages
Les failles de nos âges

C’est voir que sous tout cela
Nous sommes en lien
Que même loin
Il y a présence
Que même loin
Tout se rejoint
Que même loin
On est bien

Sentir le lien
De nos tous
De nos riens
Sentir le lien
Des nons dits
Ou des trop dits
Sentir le lien
De la présence

Tu es présent même loin
Et je remercie la vie
D’avoir senti
Que même près tu étais déjà loin
Que rien ne t’enferme
Rien n’est sûr
Que même en restant petit et caché
En protégeant si bien nos années
Tout peut s’envoler
Merci d’avoir fait voler en éclats
La matière de ton amour
Merci de m’avoir réveillé
De ma prison dorée
D’avoir senti la manifestation de ton amour ici et là-bas
Puis balayer tout cela
Pour que je ne m’enferme pas 

Tu te trouves là où je ne cherchais pas
Aucun objet de ce monde
Aucune action de ce monde
Ne change quoi que ce soit
Rien n’arrête
Le flot de l’amour
Dans un sens
Ou dans un autre

Toi qui peux entendre ces mots
Toi qui vit dans la gratitude
de ta solitude
Toi qui vit
Le paradoxe de l’amour
Inspire ton monde
Et montre que rien…
Rien de ce monde
Ne peut enfermer l’amour
Il est partout
Dans un départ
Dans un recevoir
Dans un donner
Dans un coup
Dans une séparation
Dans une union
Dans un reproche
Dans une mise à terre
Dans un trop-plein
Dans un vide
Dans tout

Quand l’alignement s’opère
Quand l’amour te transperce
Quand tu es juste la libre expression du flot intime qui te traverse
Alors quoique tu fasses
Est amour
Quoique cela puisse paraître
Cela est amour
Dans un oui
Dans un non
Dans un avec
Dans un sans

Ferme un peu les yeux
Et laisse les deux
pôles de ton regard
Flouter ton miroir

Oublie les noms
Les mots la raison
Délaisse un moment tes nons
Tes arrêts sur image
Tes mises à distance
Tes caprices de star
Et ouvre la porte
juste un instant…
Laisse le bazar
des idées flotter au hasard
d’une belle rencontre 

Ouvre la porte
Quoique tu en dises
Quoique tu en penses
À tout ce qui se présente
Tout
Absolument tout
Sans jugement
Et invite les à s’assoir
À exprimer leurs espoirs
Leurs désespoirs
Déblatérer
Laisse déverser
Ces énergies jusqu’à s’épuiser
Laisse les se consumer
Sous le feu de ton regard
Empathique et brûlant 

Car rien n’est plus comme avant
Tu n’es plus ignorant maintenant

Juste entends
Sans maudire
Sans fuir
Sans solutions
Juste entends
Entends l’amour se jouer de nous
Valide et sens
Que pour ce moment
Il n’y a juste que cela
Qui s’entend
Accorde toute ton attention
Mets tout ton coeur
À ce qui est là en cet instant

L’agitation de l’ignorance
L’accueil de ta tolérance
Sans préférence
Dans le ciel souriant
De cela qui est bien avant

❤️

Texte – Passage

Mon ami,
Le déni de la mort est le déni de la vie.
Vivre à travers le prisme du mental,
là où la vie n’est pas banale,
n’entraînera qu’une chute plus haute.
Le moment venu, malgré tous tes rôles,
tu seras comme tout le monde,
face à ta tombe.
Se rendront alors tous tes projets,
tes acquisitions morales et tes rejets.
Tu prendras en pleine face,
ce que tu as combattu comme un as.
Tu seras mis à terre,
là où il n’y a que de l’air.
Tu te sentiras dépourvu
et pourtant il n’y aura… rien de plus,
rien de moins…
juste un passé lointain.
Un attachement à une idée d’être,
qui t’enferme dans une tête.
Celle-là même que tu perçois peut-être,
comme une sensation dans ce que tu es.
Juste une idée d’un moi qui s’oublie dans le feu de l’action,
qui se rêve à travers une mission.
Les rêveries infinies
qui comblent un ego fini,
un contour idéalisé,
un personnage-né.
Cet îlot paradisiaque
finira par se briser,
te rendre maniaque, acariâtre.
Alors, mon ami, ce jour-là
ne sois pas dur envers toi-même.
Il n’y a que la vie qui t’aime.
Qu’un retour à soi,
inévitable et banal.
Rien n’est inébranlable.
Tout semblera s’écrouler.
Tu sentiras même ta structure vibrer,
Ce jour-là,
n’oublie pas,
que tu ne te briseras pas,
que seulement tu relâches,
seulement tu relâches,
seulement tu relâches.

N’engage pas de nouveau
une forteresse dans ce qui te blesse.
Laisse aller, abandonne toi,
Aies confiance en ce qui est plus grand que ce « petit moi ».
Et dans ton nouveau monde,
n’oublie pas que la terre est ronde.
Que tout apparaît et disparaît,
tout même ce que tu es.
Tu te demanderas peut-être alors,
ce qu’est ce vivant au-delà de la mort.
Tu remettras en question toutes tes croyances,
ébranleras de nouveau tes faïences.
De ces fêlures,
dans ces brisures,
tu laisseras passer le silence.
Celui-là même qui t’englobe et qui t’attend.
Tu te reposeras dans ses bras,
tu te déposeras ici-bas.
Petit à petit, le ciel rejoindra la terre.
Les mystères rencontreront les misères,
leur rendant leurs lettres de noblesse,
puisant leurs forces dans leurs faiblesses.
Les paradoxes s’épouseront,
entraînant une forme de juste perdition,
ce que tu appelles lâcher-prise.
Tu n’en ressentiras alors qu’une légère brise.
En attendant mon ami,
tu puises ton courage,
à travers ces luttes,
à travers ces chutes,
tous ces changements d’états,
ces mouvements dans ce qui ne bouge pas,
indélicats à tes yeux,
si beaux à mes yeux.

Texte – Retour de flammes

J’apprends à me prendre tel que je suis,
Non pas que je m’aime ainsi,
Juste parce que la vie se vit, ici, en soi.

J’apprends à comprendre,
Ce pourquoi je ne m’aimais pas, ce qui me gênait,
Me perturbait, m’horrifiait.

J’apprends à me rencontrer,
J’ai réalisé que tout ce que je rejetais s’amplifiait,
que ce que j’englobais et embrassais se détendait.

J’apprends à aimer,
mes gênes, mes désamours de moi-même,
car ils me permettent cette rencontre pleine.

Je me remercie de cette non sur-adaptabilité,
je me remercie de tant de colère, de feu sacré,
sans cela comment me rencontrer profondément.

Texte – J’honore ma terre

J’honore ma terre…
Non pas celle des idéaux de mes ancêtres
pourvue de non-rendus et de retenues
Non pas celle de mes futurs
pourvue d’attentes et de « bien rendus »
où les mots et leur sens ont davantage de valeur
que l’évidence qui danse dans mon corps et mon coeur

J’honore ma terre…
Ici, juste ici
La matière qui me fait tenir debout
devant tout
La matière qui tisse le lien à vous
Le matériau brute, neutre
dénué de propos
libéré de ses enclos

J’honore ma terre…
Non pas comme un bon petit soldat
loyal à ses paires
et conformiste hors pair
J’honore ma terre
en m’accueillant
autant dans la misère
que dans la lumière

Il n’y a rien de plus
que ce flux
qui me traverse
Rien de plus goûteux
que ce chant d’adieux
aux mesquineries de la rêverie
et du temps des pseudos oublis

J’honore ma terre
pour que plus rien ne m’échappe
Même si pour cela, tout sens
s’en échappe
J’honore ma terre
car dans tous les sens
je me sens vivant

Je réalise qu’aucune issue
qu’aucun rejet de moi
peut me faire m’aimer davantage !
Je suis condamné à m’aimer en totalité
À rire de tant d’années
de tant d’opportunités

J’honore ma terre…
Celle qui laisse être le rejet
pour réaliser que l’amour se cache derrière
Celle qui n’a aucun déchet
et se réapproprie chaque particule
puis les dissout dans sa plénitude

J’honore ma terre…
Non pas à un mètre devant moi, mais juste là
dans ce qui m’anime ici et maintenant
changeant et mouvant
reflétant éternellement
l’alliance des mouvements

J’honore le vivant, le vibrant,
le perturbant même !
ce qui me ramène
inlassablement au silence
à la quiétude de l’être
Là où tout peut être
ou ne pas être
Là où tout est possible
même être présent à l’absence
Où rien n’est retenu
conservé ou mis sous cloche
Là où même si je me sens moche,
l’évidence de l’instant me montre la ricoche.

Alors je coche
je valide encore…
Je coche et décoche
Je crée aussi bien que je rends
Je déjoue
aussi bien que je joue
Même l’ennui
devient un ami
Sans lui comment avancer aussi vite

J’honore ma terre…
Là où la justesse de l’instant
n’est plus le fruit du hasard
Juste un point de regard
dans ce grand miroir transparent
Juste un ressenti
dans ma terre infinie
où chaque sens
est Un en essence

J’honore ma terre …
Je ne fuis plus le mouvement
je suis tous les mouvements
J’honore ta terre…
et te laisse libre d’exprimer
tes nouveaux né
tes cristaux à recycler
J’honore nos terres…
nos partages éphémères
Ce qui nous lie l’espace d’un temps
dans le miroir de l’instant
et qui se délie l’instant d’après
quand le lien est fait…

Texte – Briser et recréer l’éternité

Il y a une extension de soi
Qui se donne à l’autre
Une extension d’amour
Au bon plaisir de l’autre
Une extension qui peut se briser
Passant de la solidité
À l’effritement le plus total
Vécu comme une nécessité
Ou à l’inverse comme le plus grand mal

Cette part d’amour est si généreuse
Qu’elle emporte avec elle la donneuse
Se voyant ainsi sombrer
Dans les méandres de l’immensité
Pourtant, oh oui pourtant
C’est à la fois un cadeau détonnant
Une liberté telle
Qu’elle goûte l’originel 

Cette extension de soi
Quand elle n’a plus à être là
Permet rien que par elle
Un retour à l’essentiel

Reste la douleur
De l’abandon de tant de coeur
Tout ce qui a été aimé
Se rend dans la souffrance d’un corps consumé
Il y a aussi
Et c’est la toute la magie
La joie d’une liberté retrouvée
Et d’une aventure à recréer

Ce qui se rend n’est plus utile
Sans pour autant être futile
Dans la gratitude de ce qui a été vécu
Se transmet la force crue
Permettant au corps sa métamorphose
Le libérant de trop de doses

Trop d’amour
À s’oublier
Trop d’amour
À s’identifier
Trop d’amour
À surjouer
Trop d’amour
À déjouer

Tel est le jeu
de l’amour
Un jeu de rôles
Un drôle de jeu
Il faut être fou
Pour endosser tant de feu
Des énergies
À se sentir infini

Briser et recréer
L’éternité

Texte – La courbe de l’aventure

Être aimé, sur quoi reviens-tu dis moi ?
Tu te sens passer à autre chose et tu regardes l’ancien comme une vérité…
Vouloir te maintenir comme avant et continuer à évoluer, cela ressemble à une ligne droite et non un cercle. Or tout est cyclique.
L’ascension de ta ligne droite, tel un sommet à gravir, de plus en plus haut, de plus en plus loin, ne fait qu’allonger la descente inévitable que tu redoutes déjà.
Ne vois-tu pas que cette courbure n’est en rien une fragilité mais seulement une métamorphose.
Ne vois-tu pas que tu te courbes pour ton évolution et ta transformation ? Juste un mouvement qui te fait avancer, comme de merveilleux battements d’ailes.
Des courbes à l’image de mains en coupe prêtes à recevoir ce qui est cher en ton cœur : la nourriture de ton âme, la joie d’être aligné avec ce qui est présent en toi, déjà complet.
D’où vient ce besoin de l’ancien, regarde en toi, est-ce que je te l’ai demandé ? ou te le demandes-tu à toi-même ?

Que se passe-t-il à ce moment-là précisément en toi ?
Ce moment où tu commences à te transformer en un superbe papillon et que tu regardes les autres chenilles comme si tu n’étais plus capable, comme si tu étais lésé, dépouillé, volé, comme si tu avais perdu quelque chose. Ressentant alors une douleur vive à passer à autre chose, un peu comme cette phrase d’enfant, te souviens-tu : « qui va à la chasse perd sa place » ?
Une place semblant perdue que tu vis dans la douleur de l’appropriation d’un autre et dans le mal-être de ton douloureux changement d’état.

Tu es un aventurier, Être aimé, et à la fois l’aventure te définit dans un espace-temps impermanent, une définition illusoire au regard de la métamorphose.
Redevenir vide et neutre pour de nouvelles aventures te ferait-il peur ?
Te sens-tu léser de devenir un papillon ?
Le papillon en toi encore fragile de ses nouvelles ailes, espère revoir la maîtrise de ramper ? Tu rêves à tes années merveilleuses de « bon rampeur » ou ta capacité de devenir encore un « meilleur rampeur », être le « plus merveilleux rampeur » que la terre connaisse….
Mais n’oublie pas ceci, ce n’est pas la chenille dont tu es amoureux. Tu es amoureux de ton confort et de ton savoir « connu » du moment, même si celui-ci ne te convient plus vraiment.

Je ne te courberai pas, Être aimé, j’attendrai patiemment ton retour dans « l’Un-connu ». Je prendrai même le mauvais rôle attribué à cause de cette sensation de courbure forcée, qui n’est autre que la résistance à ton changement d’état déjà là en toi.
Être aimé, je me ferai terre, je me ferai eau pour t’accompagner à chaque pas en attendant le moment où tu t’abandonneras à ta transformation.
Je me ferai vent pour dissiper tous les changements d’état et révéler ton éclat.
Chaque courbure te polira et révélera l’éclat du diamant que tu es.
Chaque transformation te ramènera de plus en plus au cœur de toi-même, là où je suis, pur mouvement.