Texte – Un courant dans le silence 

J’ai cherché
J’ai souhaité la paix, le repos
Juste un moment où me poser
J’en avais plein le dos

J’ai écouté
Pas mon corps, mes pensées
J’ai arrêté, pas mes pensées, mais mon corps
Je me suis enlisé dans mes doutes

Bref j’ai tourné
Tu te doutes
Comme un disque rayé
J’ai tourné, j’ai tourné, j’ai tourné

J’ai senti mon corps se crisper
Ou peut-être se protéger
Juste des sillons
Juste des dos ronds
Sous-cutanés
Et bien enfermés

J’ai guetté
Un sourire intérieur
Un mouvement vers le haut
J’en avais toujours plein le dos
De me voir ainsi
Lutter pour sortir du monde endormi

J’ai laissé ce mouvement s’opérer
Le tourbillon des pensées
Le tourbillon de mes années
J’ai vu mon addiction, senti la friction
J’ai embrassé mes démons

J’ai senti l’énergie s’opérer
Me consumer
Juste un feu brûlant
Au-dedans
Juste un feu, car rien ne se passait dans le mouvement

Bref j’ai écouté
J’ai regardé
J’ai senti, observé
Encore et encore
Dans tout mon corps

Puis c’est arrivé
Je ne sais où
Je ne sais d’où
Par la grâce j’ai écouté

J’ai vu que si j’arrêtais de chercher
Je ne créais plus la difficulté
Je la laissais aller
Faire de l’espace pour le nouveau
Faire de la place
Je ne peux rien changer
Et surtout pas ma lutte pour éviter le vide
Qui n’est, je dois me l’avouer, que de l’amour déguisé

Je plonge alors dans l’immensité
Je rends ces preuves d’amour
Qui combattent le vide
Qui se maintiennent à bras le corps
Pour prouver que l’amour est plus fort

Merci. Dans cet écho
J’ai compris
À travers ces maux
Tout était dit
Comme un reflet si joliment écrit

J’ai senti le renouveau
Je l’ai laissé prendre place
Me gonfler de nouveau
Sentir le courant qui passe
Et scotcher les pensées au poteau

Je me suis tant donné
À moi-même dans ce combat
Finalement je me suis prouvé que je m’aime
À travers tout ce que je déteste de moi-même

Je suis certain maintenant
Que je ne m’abandonnerai pas
Dans le rendu il y a un mouvement de renaissance
Dans l’abandon il y a un mouvement de création

Juste une boucle
Juste une inertie du bas vers le haut
Du haut vers le bas
Juste un courant d’air
De ce silence qui coule dans mon corps
De ce silence qui coule au-dehors

Résister était le bénéfice secondaire de ne pas me laisser aller
Résister était plus facile à montrer qu’un laisser aller
Résister, finalement, revenait à créer ce qui pouvait simplement passer
Passer…

C’est difficile de lâcher sa création
On rêve de recommencer la même action
Avec le même acteur
Et malgré tout le coeur
À améliorer le même scénario
À faire évoluer ce « je » rigolo
Quand on y est, on se sent comme une coquille vide
Plein de potentiel oui, mais cherchant le moteur

J’ai cherché la sortie dans ce qui me maintenait dans la léthargie
J’ai cherché et j’ai alimenté
J’ai créé à partir de la pensée
Quand cette pensée s’est lâchée
J’ai tout trouvé dans le silence

C’est plus simple alors de suivre le courant
De se laisser porter
L’énergie est juste l’inertie de la totalité
Et cela ne demande aucun effort

Sans ces pensées
Sans se dépenser
Sans cette friction
Je n’aurai pas reconnu cela

Quelque chose au-delà de l’un et de l’autre
Ni plein, ni vide
La reconnaissance d’une présence neutre et libre de possibilités
La grâce du silence

Alors je laisse aller
Dorénavant sans me soucier
Car c’est vu que quand tu tombes
Dans cette chute il y a une main tendue
Qui incite le mouvement dans l’autre sens

Sans but, sans effort
Sans tord
Juste un courant
Dans le silence
Juste un courant
Dans le silence

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *