Texte – Dévoiler le décor

J’ai longtemps cherché
À me faire comprendre
J’ai longtemps usé
Des silences gênants
Mais rien n’y faisait
Laid, je me vivais

Puis un jour fatigué
Rien ne s’est arrêté
Au plus bas, j’ai senti
Les rails de ma vie
J’ai goûté à la terre
Aux tremblements de l’éther

Du pouilleux au merveilleux
Sans chercher le plus heureux
Je suis resté là avec le paradoxe
À vivre une sacrée détox
J’ai senti tout trembler
Et pourtant je me suis aimé

Enfin, je vibrais
Enfin je vivais
Enfin j’étais né
Et me voilà plongé
Dans les méandres de la vie
À me frayer un espace hors de la survie

Voilà, Vie, je voudrais m’excuser
D’avoir condamné, douté
De m’être servi de moi
Pour m’arranger de toi
Pour ne pas m’être amusé
De ce fleuve compliqué

Je n’ai jamais osé
Ou supposé
Être capable de décomplexer
Dépouiller, détailler
Et utiliser tout ce granité
Pour enfin créer, oui, enfin créer

J’ai longtemps cherché
Et finalement ce que j’ai trouvé
C’est matière à recycler
À upcycler
Et la beauté s’est montrée
Pourtant, elle n’est toujours pas née

J’ai obtenu davantage
Au point de prendre un tout autre virage
Celui qui transcende les rivages
Pour m’emmener loin des mirages
Aucune obtention de ce monde
Peut égaler la beauté qui abonde

Elle est de ce monde
Sans être de ce monde
Depuis je n’attends plus de l’extérieur
Qu’on vienne avec le cœur
Révéler la beauté
Dans mon panier percé

De l’intérieur, je cultive cette fleur non née
Comme une effluve adorée
Que je laisse éclore
Au rythme du corps
J’ose alors
Dévoiler tout ce décor

Texte – Submersion

Quand le jeu me dépasse
Que dedans je trépasse
Alors surgit une voix
Pourtant si loin de moi
Elle dicte mes pas
Et je me sens à plat
Comme si tout de moi
S’écroulait sur le sol
Liquéfié, sans alcool
Juste une bonne dose de trop
Trop de surcharge, trop de trop
J’en peux plus du galop
Alors je rêve de repos

Cela qui crie
Me rappelle au silence
Cela qui est écrit
Me rappelle l’évidence

Quand le jeu me submerge
Que je ne vois plus la berge
Trop de sons
Trop de pressions
Je rêve de m’enfuir
De tout rendre quand ça empire
Je réalise la douleur
Qui me fend le cœur
Je m’autorise à tout déconstruire
Je n’y vois pas d’avenir

Cela qui crie
Me rappelle au silence
Cela qui est écrit
Me rappelle l’évidence

Quand tout s’aplatit,
Un sursaut surgit
Des brûlures se ravivent
Sortent de leurs eaux vives
À force de résister
À en être épuisé
Je me regarde m’enfoncer
M’enliser, m’enterrer
Si c’est ça, pousser
Je voudrais bien ne plus grandir
Arrêter le temps des dires
Des faire, des pensées
Immobile, me reposer
Mais le mouvement me rattrape
Plus je me repose, plus il m’attaque

Cela qui crie
Me rappelle au silence
Cela qui est écrit
Me rappelle l’évidence

Alors, un silence arrive
Dans ce vacarme incessant
Et je sens ce qui est permanent
Qui embrasse le vivant
Je ne saurais comment le dire
Je suis à la fois dedans et pas dedans
Finalement, ces crises incessantes
Déploient des forces pour décoller
Des résidus d’excès, d’inutilités

Ainsi s’écrit
le déploiement de ma vie
Juste un peu, beaucoup, d’inconfort
Qui m’élève un peu plus fort
Ce qui crie
Engage le silence
Ce qui s’écrit
S’accomplit en présence du silence
Il dessine le moi du moment
Juste un point de vue vivant

Texte – Infini

Quand il n’y a plus de sens
Que tout prend plusieurs sens
Que fonctionnent les circuits
Dans des boucles infinies

Alors je sens
Le corps qui danse
Alors j’entends
La mélodie sous-jacente

Rien à bougé
Et pourtant tout a changé
L’agitation s’est déposée
Comme si les oreilles s’étaient débouchées

Alors j’entends
Que la course du temps
N’est que ce circuit infini
Et non, un « moi » fini

Alors je sens partout les connectiques
Qui n’ont plus le goût du chronomètre
Mais le goût de l’être

Quand enfin j’entends
Je tends vers l’infinitude d’un même
Quand s’évapore l’effort d’être avec tout ce qui est
Alors s’étend davantage cela qui m’aspire

Je me laisse être au service d’une boucle infinie
Pour entendre sa mélodie
Particulière
Unique en son air

Sonne et résonne
À travers multiples échos
Multiples matériaux
Sa symphonie universelle

Texte – Débordement

Débordement, 

Ton énergie est rapide, engluante,
Parfois enveloppante,
Mais si lourde à la fois.
Quand tu arrives, tu es si fort
Que tu fais exister le manque derrière toi.
Alors ton binôme n’est autre qu’assèchement.
À tous les 2, vous faites la paire.

Cher débordement,
Tu te fourvoies dans tant de causes,
Tu deviens tellement autoritaire et submersible.
Alors quand tu te vois être, tu t’effaces.
Tu ne veux tellement pas faire de mal à l’autre.
Tu ne sais pas comment être utile dans ce monde.
Tu es bien souvent le méchant alors que toi, tu as tout donné.
Tu es bien souvent incompris.

Cher débordement,
Ne laisse plus ta place.
Ce n’est pas mieux d’être asséché.
Ce monde sec où rien ne dépasse,
Qui finit par creuser des sillons,
Des failles de mal-être et de retenue.
Ce n’est pas mieux de ne plus oser,
exprimer, expérimenter,
Ne plus trouver de joie…

Toi, le mal aimé,
Souvent décrié.
Toi qui as juste voulu montrer,
Tu finis par te cacher
Et t’éviter toi-même.
Tu empêches tes débordements d’être,
Ta force est retournée contre toi-même,
Mais rien n’y fait, tu existes encore,
Et encore.

Mais vois que sans toi,
Il n’y a plus de liberté.
Ne te regarde pas trop,
Accepte d’être le critiquable et le critiqué.
Toi, tu sais que tu es plein de ressources.

Rien ne t’arrête,
Si on te freine, tu vas ailleurs.
Tu trouveras des chemins inexplorés,
Tu es plein d’énergies de vie,
Comme tout sur cette terre.
Alors vois que certains endroits n’ont pas besoin de toi.

Ou mieux, honore toi,
Vois que tu as trop donné à cet endroit,
Et emprunte un autre chemin.
J’en ai un pour toi,
On le prend à la verticale
Il s’enfonce en soi
Dans les entrailles.
Là, tu ne feras plus de mal,
Et ta force sera bien utile.
Tu seras un guide.

Dans chaque mot, cher débordement,
Dans chaque action, dans chaque objet, déjà là,
Il y a tant de faux pas,
De fausses véracités,
Et de vraies irréalités.
Alors, viens soutenir,
Ce chemin d’effritement.
Pour revenir à la compréhension de soi,
Et non le développement d’un trop-plein de moi.

 

Dédicace à tous les hypersensibles, les « trop de » et « pas assez de » 💖 je vous aime, le monde a besoin de vous, la clé est en vous.

Texte – Déjà libre

J’entends le bruit de la pluie
Et non l’eau qui me nourrit
Je sens l’orage de tes messages
Et non le mot qui me conduit

Tellement de vents
Dans une vie
De directions
Et d’envies

Je ressens l’effort de vivre
Et non l’amour qui se déploie
Je sens la misère de mes drames
Et non l’évolution de la trame

Tellement de vents
Par ici
Alors qu’est-ce que je choisis ?

D’être encore poussé
Arrangé et dérangé
Ou déposer et voir

Tellement de vents par ici
Que dans ce non-choix
J’ai finalement choisi

Depuis j’apprends à écouter sans comprendre
À ne pas me laisser embarquer
À respirer dans tout cela

Il m’arrive alors de découvrir des mots cachés
Des sens insoupçonnés
De sentir l’émerveillement dans tout ce vivant

La confiance n’est pas dans le vent
Elle n’est pas dans ce qui me pousse et repousse
Elle n’a rien à voir avec ce monde

Au-delà de la prise, l’emprise, la co-emprise
Quand rien n’est poussé ou repoussé
Alors tout devient clair et possible

Ici est le choix qui abonde
Ici se vit la vie qui se déploie
Ici est un pourquoi pas

Déjà libre

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Crédit photo : Christian Spencer a capturé le soleil éclairant un colibri demi-deuil. C’est un effet de prisme qui donne l’impression que le corps de la créature est aussi coloré qu’un arc-en-ciel.

Texte – Retenue

Chère Retenue

Tu as été longtemps
La rassurante
La fortifiante

Grâce à toi
S’est édifié
Le contour d’une vie

Il est grand temps
Maintenant
Que cesse ton règne

Que tu laisses place
À ton autre face
Lâcher

En toute sécurité
Tu as su le faire grandir
Il a maintenant le badge de maîtrise

Chère retenue
Merci de tant d’opportunités
Je te verrai toujours dans Lâcher

Merci Lâcher
Je te sais fort de ton autre face
À toi dorénavant d’entrer en matière

Laisser échapper la misère
Ruisselant de tant de contours
Irriguées de tant de pensées conservées

De nous révéler
Que rien ne vient de ce contour
Et tout de l’Am… our

Texte – Animé

Un jour je me suis arrêté
De cette course effrénée
J’ai entendu une amie
Une vieille âme qui m’a dit
« On m’a fermé toutes les portes
Et c’est là que tout s’est ouvert »

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ce jour-là
Mais je l’ai senti dans mon cœur
Cette résonance du vivant
Qui me donnait l’autorisation enfin
De vivre différemment des autres

J’entendais profondément ces mots
J’entendais tellement ces mots
Je ne sais pourquoi
C’est comme s’ils se vivaient déjà

Alors j’ai accepté la fermeture
J’ai accepté toute impuissance
Et depuis ce jour je vois tellement d’opportunités
Que je ne fais que créer

Avant je courais après la finitude
Maintenant je prends mon infinitude
Avant je cherchais ma place dans le créé
Maintenant j’efface mes données pour mieux goûter le non créé

Tant de potentiel à saisir
En deçà du bruit du monde
Tout à découvrir
Tout à construire et déconstruire

Rien ne se détruit
Puisque tout se recycle
Je ne vois plus l’objet
Je ne vois que la matière

Tout m’inspire
Enfin je respire
Parfois dans l’irrespirable certes
Comment expliquer le paradis dans l’enfer

D’un non faire ou d’un « trop m’a »
Je ne sais pourquoi, je ne me retourne pas
Je ne le prends plus pour moi
J’en fais juste mes pas

Après tout je ne choisis pas
Je prends ce qui est là
Tout à disposition, alors… je ne cesse de créer
Et je ne sais où cela va me mener

Je suis de ceux
Qui se sentent chanceux
Que rien n’existe juste avant
Que reçoive le présent
Encore brut et libre

Alors je pose mes doigts
Sur tous ces instruments
que je ne connais pas
Je les laisse me dicter mes pas

Je suis de ceux
Chanceux
Que la perte de données
Entraîne la liberté d’improviser
Que la dépression
Amène à la passion
Que la dilatation
Serve à une authentique contribution

Depuis je suis animé de tout
Même de ce qui semble flou
Je me sens être partout

La terre est ma maison
Et je l’enterre dans le ciel
Encore et encore
De plus en plus haut et fort

Je sens battre mon cœur
En deçà du bien du mal de l’erreur
Voir à travers, toutes les misères,
Tous les mystères
Tout ce qui me compose
Et qui me donne ma dose
D’avancer et grandir en conscience

Glisser avec, sans s’endormir
Voir le rêveur
Lui offrir mon regard bienveillant
Juste ici dans un retournement intérieur

Texte – 1suffisance

J’ai cru en moi
« Où j’allais » semblait se savoir
C’était sans compter sur ces émois
Et ce lourd poids du devoir
Qui plafonnait mes élans
Et troublait ma vision de l’environnement

Il ne suffit pas de croire
Parfois il manque un pas
Un retour en arrière
Qui semble salutaire

Comprendre pourquoi j’en suis arrivé là
Après tout, je n’ai pas demandé à être là
J’ai senti par milliers ces questions
Et pourtant j’en ai fait une mission
Réussir
– mais pourquoi ? –
Vivre
– à partir de quoi ? –

Il ne suffit pas de vivre
Consommer nos pas ivres
Se délecter de l’instant
Sans en comprendre le fonctionnement

J’ai cru en moi
Ça ne suffisait pas
Il a fallu ce lourd tribut
Pour que j’y entrevois un but

J’ai pris ce chemin ma foi
Je n’avais pas d’autres endroits
J’ai senti l’ivresse
Même dans la tristesse
J’ai réalisé ma foi
Que seul mon regard était noir

L’obscur se mit en lumière
Déployant ces richesses
Tout ce que je ne voyais pas
S’allumait pas à pas
M’illuminant au pas sage

Rien de ce « moi » ne peut donner cela
Il n’y a que la vie qui se consume en soi
Ce vivant n’a pas d’interprétation
Il t’offre à chaque moment
Ce dont tu as besoin dans l’instant

Texte – Énergies de concrétisation 

Énergies de concrétisation
Si belles à voir
Si intenses à ressentir
Si joyeuses à vivre
Tant de pétillance et d’exubérance de vie

Il ne fallait pas grand-chose pourtant
Juste miser sur le bon cheval
Comment savoir qui l’était déjà là
Tapi dans l’ombre
Caché dans l’obscur
Juste voilé de tant de devoirs et désirs

Se sentir vivant à chaque instant vaut tout l’or du monde
Quand l’énergie circule, elle oxygène toute la structure
Elle se balade sur des sphères insoupçonnées de l’être
Elle se vit sous toutes les coutures
Elle se dénude de tant de parures
Elle galope au vent
Et se sert des courants pour monter ou descendre

Chère énergie de concrétisation
Tu n’es rien d’autre
Qu’un galop au vent
Un pas dans pas grand-chose finalement
Mais infiniment délicieux
Si intense et à la fois si rapide

Juste une étincelle de vie 

Texte – À toi blessure

À toi blessure

Si cela te suffit de renaître à nouveau
Sentir le vent chaud caresser ta peau
Aller de plus haut de plus belle
Virevolter comme une hirondelle
Prôner tout haut
Ce qui te semble plus beau
Sache que maintenant
Il est grand temps
Que change le vent

Stop aux ramassages incessants
Aux amassages fringants
Encore te consoler
Et ne faire que consolider
Les bases de tes croyances
N’oublie pas très chère
Que tu n’as pas demandé à naître
Alors pourquoi tant de persistance
À justifier ta raison d’être
Aussi belle soit-elle

Pourquoi ne pas retourner ton regard
Utiliser tout ce tintamarre
Pour connaître
Reconnaître
Juste savoir de quoi tu es fait
D’où tu viens, pourquoi ici
Pourquoi ainsi
Ta composition par ta position
Et non l’inverse

Veux-tu encore vraiment
Changer de positionnement
Tant de bazar et tant de bruit
Alors que juste ici
Se trouve le miracle de la vie
Sans rien en attendre
Juste prendre le temps
D’embrasser et d’embraser

Sens ton processus
Au-delà de ce qui est cru
Active les clés
Ne cherche pas à être la clé
Tu as en toi
Le potentiel de la revisite

Recréer
À partir de ce que tu n’as pas aimé
N’est-ce pas miraculeux ?
Sois heureuse chère aventureuse
Car il y a également en toi
Une part qui répare