J’honore ma terre…
Non pas celle des idéaux de mes ancêtres
pourvue de non-rendus et de retenues
Non pas celle de mes futurs
pourvue d’attentes et de « bien rendus »
où les mots et leur sens ont davantage de valeur
que l’évidence qui danse dans mon corps et mon coeur
J’honore ma terre…
Ici, juste ici
La matière qui me fait tenir debout
devant tout
La matière qui tisse le lien à vous
Le matériau brute, neutre
dénué de propos
libéré de ses enclos
J’honore ma terre…
Non pas comme un bon petit soldat
loyal à ses paires
et conformiste hors pair
J’honore ma terre
en m’accueillant
autant dans la misère
que dans la lumière
Il n’y a rien de plus
que ce flux
qui me traverse
Rien de plus goûteux
que ce chant d’adieux
aux mesquineries de la rêverie
et du temps des pseudos oublis
J’honore ma terre
pour que plus rien ne m’échappe
Même si pour cela, tout sens
s’en échappe
J’honore ma terre
car dans tous les sens
je me sens vivant
Je réalise qu’aucune issue
qu’aucun rejet de moi
peut me faire m’aimer davantage !
Je suis condamné à m’aimer en totalité
À rire de tant d’années
de tant d’opportunités
J’honore ma terre…
Celle qui laisse être le rejet
pour réaliser que l’amour se cache derrière
Celle qui n’a aucun déchet
et se réapproprie chaque particule
puis les dissout dans sa plénitude
J’honore ma terre…
Non pas à un mètre devant moi, mais juste là
dans ce qui m’anime ici et maintenant
changeant et mouvant
reflétant éternellement
l’alliance des mouvements
J’honore le vivant, le vibrant,
le perturbant même !
ce qui me ramène
inlassablement au silence
à la quiétude de l’être
Là où tout peut être
ou ne pas être
Là où tout est possible
même être présent à l’absence
Où rien n’est retenu
conservé ou mis sous cloche
Là où même si je me sens moche,
l’évidence de l’instant me montre la ricoche.
Alors je coche
je valide encore…
Je coche et décoche
Je crée aussi bien que je rends
Je déjoue
aussi bien que je joue
Même l’ennui
devient un ami
Sans lui comment avancer aussi vite
J’honore ma terre…
Là où la justesse de l’instant
n’est plus le fruit du hasard
Juste un point de regard
dans ce grand miroir transparent
Juste un ressenti
dans ma terre infinie
où chaque sens
est Un en essence
J’honore ma terre …
Je ne fuis plus le mouvement
je suis tous les mouvements
J’honore ta terre…
et te laisse libre d’exprimer
tes nouveaux né
tes cristaux à recycler
J’honore nos terres…
nos partages éphémères
Ce qui nous lie l’espace d’un temps
dans le miroir de l’instant
et qui se délie l’instant d’après
quand le lien est fait…
Wouaah!
Riche et dur ce poème, qui ébranle les certitudes , remet le beau au diapason du laid, abolit les faux-semblants et nous recentre dans l’instant.