J’ai tellement voulu aller vite, sauter le pas
Sauter le trauma, aller au-delà, très vite
Que je me suis perdue
Perdue dans le peu que je voyais
Perdue dans ce qui ne m’apparaissait pas
Créant un espace de non-compréhension
Perdue dans des idées qui s’ajoutaient les unes par-dessus les autres
Perdue au point de me salir pour arrêter
Au point de me condamner pour arrêter cette vitesse
Ce point de non-retour fut le point de départ
D’une expérience plus directe et concrète
D’observation, d’informations
D’attention neutre, de ralentissement intérieur
Reprendre tout en sens inverse
Laisser émerger les évidences
Plutôt que les critiques, même constructives
Ainsi, aussi belle l’idée était, le silence demeurait
Ce silence n’était donc pas l’absence de bruit mais un dépôt en soi de ne pas s’engager dans ce qui venait de prime abord
De l’aborder différemment plutôt dans le « rendre »
Quand tout se rend que reste-t-il
Dans ce silence
S’en sont suivis des longs mois de méditations
Même active
Rien ne s’arrête mais tout se voit
Ce sont des mises en lumière
Et là il est vu à quel point je suis responsable de tout ce qui m’arrive
À quel point je ne suis pas présente à moi-même
À quel point je condamne sans savoir
À quel point je ne sais rien
S’ensuivent des gros nettoyages
S’ensuivent également des mises à l’épreuve
S’ensuit une joie d’être à toute épreuve
La vibration de cette reconnaissance est telle que tout peut se vivre
Il y a un surpassement
Le confort et l’inconfort sont transcendés par une quête de liberté d’être
Même l’épanouissement personnel passe à la trappe
Il y a un engagement de vie qui n’a plus de valeur
Qui se reconnaît
Qui se voit
Qui se met en lumière
Bien évidemment cette étape se rend elle aussi
Car l’être peut encore associer tout ce qu’il vit
Reprendre tout ce qu’il vit
Devenir une autre version de lui-même et il en sera d’autant plus autoritaire qu’il a cru comprendre ou su traverser
Rien de tout cela n’est juste
Cela se vit à la hauteur de l’attachement à la forme
Le détachement en est l’autre polarité mais pas une vérité
C’est une boucle c’est tout
Nécessaire pour la suite
Cette suite est une désidentification profonde, un processus qui « ne tient pas»
Comme une sauce qui ne monte pas
S’engage alors un mental qui se fond lui-même
L’histoire ne prend plus
N’importe quelle histoire
Et si cela tient, alors cela se vit plus souffrant qu’au départ car cela se confronte aux réalisations d’avant
Davantage de douleurs peuvent ainsi arriver mais elles sont vues comme des phares dans la nuit
Juste une vigueur, une intensité, pour le mouvement de la boucle
Ainsi la valeur peut revenir mais il n’y a plus de sens à cette valeur
Tout ce qui est en haut et en bas
Ainsi la vie dans sa particularité cherche à se vivre indépendamment et pourtant toujours en lien
Donc tout est présent et vu indépendamment
C’est un sentiment d’accueillir un peu plus
D’avoir davantage d’espace
De moins rejeter et d’entrer en relation sans couper
Ainsi je suis enfermée et libre à la fois
Ainsi se poursuit le paradoxe, l’alliance du vivant,
Rien ne manque, tout est là