Cher maître intérieur,
Je me suis fourvoyé et perdu dans les limbes de ma supposée existence.
J’ai cherché en vain ma singularité là où il n’y avait qu’une reconnaissance d’existence à mes propres yeux.
J’ai cherché en vain à m’estimer là où il n’y avait qu’une recherche d’autonomie en rapport aux autres ! Et pourtant toujours et encore, je dois me l’avouer, seulement à mes propres yeux.
J’ai pointé mon regard à l’extérieur à en perdre la vue. Mes yeux ne sont plus que les reflets de ce fourvoiement, voilés de tant d’histoires. Tant voilés que le regard est alors venu d’ailleurs. Tu ne m’as jamais quitté même dans cette quête illusoire d’être. Mes yeux ont brûlé tant de fois de ce blanc miraculeux.
Cher maître intérieur, je suis impuissante à être quelqu’un, car cela signe encore et encore tant d’incomplétude. Je me sens tellement impuissante à être, tellement de colère envers moi-même. Je renonce à ce vouloir exister séparément de toi, à ce vouloir être, qui signe inlassablement la peur de ne pas exister et ne pas être.
Je te remercie de tant de patience dans mes pas-science… que de découvertes, et de joie d’être ton instrument de vie.
Mais aujourd’hui rien ne peut être l’intrus et tout me ment sur moi-même. Je signe mon incapacité à être ; et à la fois je valide ma capacité à tout être.
Cher maître, chaque mètre qui me sépare de toi est un coup de maître, tu n’as fait que me mettre dans ton tableau de maître. Et ce coup d’essai s’est dorénavant abandonné à la toile.